Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

Exposition L’Esprit français (Contre-cultures 1969-1989) à la Maison Rouge (Fondation Antoine de Galbert)

4 mars 2017


Pas la moindre attente à l’entrée de l’exposition L’Esprit français consacrée aux contre-cultures que propose la Maison Rouge dont Antoine de Galbert a annoncé la fermeture prochaine. Je paie dix euros, mets mon sac en coffre, passe devant les panneaux explicatifs qu’ont raison de lire, pour espérer y comprendre quelque chose, celles et ceux trop jeunes pour avoir vécu ça et qui sont nombreux ici ce mercredi, et vais au fil de mes envies et souvenirs parmi les sept cents archives et documents casés en deux mille mètres carrés. C’est foutraque, comme l’était cette période et comme le sont les notes que je prends, lesquelles ont la forme d’un inventaire très incomplet de ce qui me retient plus que le reste : le manuscrit de la Marseillaise (collection Charlotte Gainsbourg) et le film montrant son père la chantant poing levé devant les paras, l’Hommage au putain inconnu de Michel Journiac (squelette humain laqué blanc, vêtements acrylisés, drapeau tricolore, lettres relief), un numéro de l’Hebdo Hara-Kiri, prolongement hebdomadaire du mensuel Hara-Kiri, « La France aux Français », illustré d’un béret baguette sous le bras, une affiche recensant les cent cinquante membres du Comité de Soutien à la candidature de Coluche aux Présidentielles qui va de Hugues Aufray à Jean Yanne « Hitler aussi a commencé avec 150 signatures », un numéro du Bulletin Paroissial du Curé Meslier, le livre pour enfants d’Alain Le Saux Interdit/Toléré, le film de Paul Vecchiali Change pas de main « policier, politique et pornographique », les journaux du Fhar (Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire) Le Fléau Social et L’Antinorm « Prolétaires de tous les pays, caressez-vous », des numéros du journal Tout ! « Ce que nous voulons, tout ! » et du Torchon brûle, « journal menstruel », l’immense sculpture au crochet de l’autodidacte Raymonde Arcier Au nom du père représentant une femme aux lourds cabas accouchant tout en marchant, une bédé de Copi Jouons aux élections avec les pédés « Nous sommes 4 millions en France, avec la proportionnelle, nous serions trente députés » « De mon temps, on les mettait au four », deux tableaux de Pierre Klossowski que je suis content de voir mais que je pense hors sujet, même chose pour ceux de Clovis Trouille Dolmancé et les fantômes de la luxure et Cérémonial saphique et les photos de Pierre Molinier (cela dans une salle nommée Sordide Sentimental n’ayant rien à voir avec le label) et Topor et Pierre et Gilles, le film de Jean-Pierre Bouyxiou et Raphaël Marongiu Satan bouche un coin (dont je possède le dévédé que m’a offert Jean-Pierre Turmel), des photos des Gazoline (dont fit partie Hélène Hazera) et des photos de Marie-France « légère égérie », les revues et fanzines où s’exprimaient Julien Blaine, Arnaud Labelle-Rojoux, F.J. Ossang, Jean-Jacques Lebel, Ivar Ch’Vavar, Lucien Suel, Dan et Guy Ferdinande et Rocking Yaset, certains bien assagis aujourd’hui et d’autres non, les photos d’Alain Bizos mettant en scène un Mesrine barbu Bras d’honneur, En joue !, La Guillotine et le reportage de la télé montrant le cadavre ensanglanté du même dans la voiture où il vient d’être tué par les policiers, l’Appel à la violence signé Serge Bard, Alain Jouffroy, Olivier Mosset et Daniel Pommereulle, toute une salle consacrée à Bazooka Production, avec deux numéros de Sordide Sentimental, l’un titré Education sentimentale et l’autre Isolation intellectuelle. Le mur du fond est couvert de grandes peintures acryliques réalisées en deux mille seize et deux mille dix-sept par Kiki Picasso qui montre à sa manière des évènements marquants de ces cinquante dernières années sous le titre générique Il n’y a pas de raison de laisser le bleu, le blanc et le rouge à ces cons de Français.
Je passe devant le tableau de Romain Slocombe Fracture interscapulaire de l’articulation de la hanche et descends au sous-sol. Là est une autre œuvre contemporaine signée Claude Levêque autour de l’univers des Bérurier Noir, Conte cruel de la jeunesse, un double grillage derrière lequel s’étend un terrain vague parsemé de déchets, cette installation aurait dû être réalisée en mil neuf cent quatre-vingt-sept mais ne l’a été qu’à l’occasion de cette exposition à la Maison Rouge.
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Que cette période dite de contre-culture ou des contre-cultures ait duré jusqu’en quatre-vingt-neuf, c’est discutable. Personnellement, je l’arrête en soixante-dix-neuf. Ouiquipédia donne comme dates de fin : mil neuf cent quatre-vingt pour les Etats-Unis, quatre-vingt-trois pour l’Angleterre et la France, quatre-vingt-cinq pour le Japon.
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Extrait de Vivre et penser comme des porcs de Gilles Châtelet lisible sur un mur de la Maison Rouge : années 80, écœurantes d’ennui, de cupidité et de bêtise, années de « révolutions conservatrices néolibérales ». Pas loin, une photo de Roland Barthes au Palace, où il a l’air de s’emmerder.
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Près de la guillotine de Piège pour une exécution capitale de Michel Journiac, un gardien endormi.