Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

Rencontre avec Dominique Ané à la librairie L’Armitière

14 mai 2015


A l’exemple de la Fnaque vendant des aspirateurs, L’Armitière vend désormais des jouets rue des Basnages. Toute la librairie est donc rue de la Jeanne, là où autrefois on ne vendait que les livres pour la jeunesse et la presse.
A dix-sept heures trente, Dominique A doit venir y parler de son dernier livre signé Dominique Ané (il s’agit sûrement pour lui de différencier son activité de chanteur et d’écrivain, une bonne intention mise à mal par les Editions Stock qui ont muni chaque exemplaire de Regarder l’océan d’un grand bandeau rose marqué « Dominique A »).
J’entre donc pour la première fois ce mardi douze mai dans ce bel endroit au sol pavé et aux murs de briques éclairé par une verrière.
Avant de monter à l’étage où sont alignées les chaises, je regarde ce qui est proposé sur les tables du bas consacrées à la littérature. De nombreux livres sont ornés d’un bandeau mis en place par les libraires « À lire absolument ». Ils sont signés par Roselyne, Amélie, Alexandra, Camille, Graziella, etc. Cette injonction a pour effet de me dissuader de les regarder de plus près.
A l’étage sont ce qu’on appelle les beaux livres. Je fouille un moment dans les rayonnages de livres d’art (aucun sur Balthus et Egon Schiele). Une femme à cheveux gris demande à la libraire présente (est-ce Roselyne, Amélie, Alexandra, Camille ou Graziella ?) un livre sur l’intestin.
-Ce n’est pas Notre deuxième cerveau, l’intestin ? lui demande la professionnelle (Le titre exact est Le ventre, notre deuxième cerveau).
-Non, non, lui dit la dame.
L’ordinateur finit par donner le titre : Le charme discret de l’intestin. « Il n’est pas disponible mais on peut vous le commander ». L’Armitière vient de fêter ses cinquante ans, cela fait déjà un moment qu’elle a des problèmes d’intestin.
Quand s’installent les premières et premiers intéressé(e)s par la rencontre, je m’assois à l’extrémité de la première rangée. Une femme choisit l’arrière et s’en explique à voix haute : « Moi, je suis fan, j’écoute tout le temps, mais je veux pas être trop près, j’aime pas du tout son visage, son visage ne correspond pas à sa voix. » Quand arrive l’ami Masson avec le petit livre de l’invité en main, ma voisine me propose de permuter avec elle afin que nous soyons côte à côte. Elle non plus ne veut pas être trop près. Nous deux, on n’a pas peur d’être proche de Dominique A(né).
A l’heure dite, celui-ci surgit par bâbord accompagné de l’habituelle libraire questionneuse à fiches. Chemisette bleue, pantalon noir, chaussures noires, son bonjour est à son image : simple et naturel. Je ne me souviens plus des questions mais dans les réponses il y a des choses comme « L’écriture, c’est un peu comme l’horticulture, on dégage le terrain, on élague. » « J’aurais bien aimé atteindre cent pages, mais non. » D’autres propos révèlent la part importante prise par l’éditrice Brigitte Giraud, employée de Stock et elle-même auteure, dans la rédaction des textes de ce Regarder l’océan, lesquels ont tous à voir avec l’enfance et l’adolescence. Dominique A(né) évoque aussi son habitude d’aller lire dans une brasserie de Bruxelles, le bruit ambiant aidant à cet exercice. En ce moment, il lit Sebald. La libraire à fiches sourit d’un air entendu. Des questions venues du public suivent puis c’est le moment de la signature des livres. L’ami Masson prend place dans la file tandis que je file afin de dîner avant de retrouver Dominique A en concert au Cent Six.