L’habitué en chef s’ennuie ce samedi matin au Quay des Brunes. Nous ne sommes que deux clients. Lisa n’est pas là et la patronne n’est pas bavarde. Je redoute qu’il tente d’engager la conversation avec moi. Je comprends mal ce qu’il dit à cause de son accent.
Dès que le jour se lève, je marche vers le Portrieux le long des barrières blanches. Ces barrières blanches sont l’emblème de la station balnéaire. Elles datent des années Vingt, comme la piscine d’eau de mer et le cinéma théâtre Arletty. Tout cela est dû à un maire bâtisseur, Alfred Delpierre. J’avance face à un petit vent dont le défaut est d’être frisquet.
Cela ne m’interdit pas la terrasse du Poisson Rouge. Dans le port tintent les mâts des voiliers. Je m’attends à voir débouler un troupeau de moutons à clarines. Le café bu, je retrouve la correspondance de Paul-Jean Toulet et Emile Henriot. Toulet à Henriot : Peut-être savez-vous encore votre grammaire, et qu’on évacue un lieu, non une personne. Il ne vous reste qu’à dire « faire confiance », « ruée », « H.P. » pour chevaux-vapeur et l’affreux « emprise » pour main-mise.
Peu de travailleurs le samedi aux Plaisanciers mais des locaux qui viennent chaque semaine et des familles du coin. Après le buffet d’entrées, je prends le stèque frites sans sa sauce et un creumebeule.
Le vent de nordet (comme on dit ici) est toujours présent lorsque je sors dans le Port. Je vais droit à L’Ecume, la petite table en coin devant le mur repeint par la serveuse qui n’est point là. La bande-son est celle des succès féminins des années Quatre-Vingt. Un café et Toulet Henriot. De ce dernier à Toulet : J’ai vu ce matin chez un garçon qui revient de l’Indochine, des images chinoises fort belles représentant des gens qui s’entre-baisent. Au comptoir, on parle politique. « Bon il est revenu au pouvoir le cocu. Lecornu. » « Ça existe dans le privé ça ? » On parle aussi des restaurateurs qui se sont fait gauler à la pêche clandestine. C’était la pleine lune. Les flics en ont profité. D’abord ils ont été alertés quand ils ont vu autant de voitures garées à trois heures du matin à Martin Plage, et après ils ont vu les frontales. Le Bouquins Laffont des œuvres complètes de Paul-Jean Toulet se termine par sa traduction du Grand Dieu Pan d’Arthur Machen, que je n’ai pas envie de lire.
Dès que le jour se lève, je marche vers le Portrieux le long des barrières blanches. Ces barrières blanches sont l’emblème de la station balnéaire. Elles datent des années Vingt, comme la piscine d’eau de mer et le cinéma théâtre Arletty. Tout cela est dû à un maire bâtisseur, Alfred Delpierre. J’avance face à un petit vent dont le défaut est d’être frisquet.
Cela ne m’interdit pas la terrasse du Poisson Rouge. Dans le port tintent les mâts des voiliers. Je m’attends à voir débouler un troupeau de moutons à clarines. Le café bu, je retrouve la correspondance de Paul-Jean Toulet et Emile Henriot. Toulet à Henriot : Peut-être savez-vous encore votre grammaire, et qu’on évacue un lieu, non une personne. Il ne vous reste qu’à dire « faire confiance », « ruée », « H.P. » pour chevaux-vapeur et l’affreux « emprise » pour main-mise.
Peu de travailleurs le samedi aux Plaisanciers mais des locaux qui viennent chaque semaine et des familles du coin. Après le buffet d’entrées, je prends le stèque frites sans sa sauce et un creumebeule.
Le vent de nordet (comme on dit ici) est toujours présent lorsque je sors dans le Port. Je vais droit à L’Ecume, la petite table en coin devant le mur repeint par la serveuse qui n’est point là. La bande-son est celle des succès féminins des années Quatre-Vingt. Un café et Toulet Henriot. De ce dernier à Toulet : J’ai vu ce matin chez un garçon qui revient de l’Indochine, des images chinoises fort belles représentant des gens qui s’entre-baisent. Au comptoir, on parle politique. « Bon il est revenu au pouvoir le cocu. Lecornu. » « Ça existe dans le privé ça ? » On parle aussi des restaurateurs qui se sont fait gauler à la pêche clandestine. C’était la pleine lune. Les flics en ont profité. D’abord ils ont été alertés quand ils ont vu autant de voitures garées à trois heures du matin à Martin Plage, et après ils ont vu les frontales. Le Bouquins Laffont des œuvres complètes de Paul-Jean Toulet se termine par sa traduction du Grand Dieu Pan d’Arthur Machen, que je n’ai pas envie de lire.



