Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
12 septembre 2025
La Pôse de Valentine, de l’autre côté de la passerelle, c’est là que j’achète mon pain au chocolat (un euro dix) ce jeudi matin et j’apprends à celle qui me le vend (Valentine ?) que sur Internet on trouve sa boutique ouvrant à neuf heures, alors que j’ai appris que c’est sept heures, raison pour laquelle je ne suis pas encore venu. « Ah merci, il faut que je dise ça au chef, c’est resté aux horaires d’été. »
Je traverse la rue pour le manger avec l’allongé de La Passerelle. « Ils ont prévu de la pluie, c’est marqué sur Ouest France », dit l’un des présents. Ce n’est pas ce que j’ai vu sur le site de Météo France ce matin. Je maintiens mon but du jour : Hillion.
Je rejoins le boulevard Clemenceau en passant sous les voies ferrées. En bas de celui-ci est le point de départ du bus Vingt qui va à Hillion. On passe par Langueux puis par Yffiniac. Avant d’arriver à Hillion, le bus se charge de collégiennes qu’il dépose logiquement devant le Collège, je suis dès lors le seul passager, et là il se met à tomber une de ces draches.
L’arrêt Hillion Centre, terminus de la ligne Vingt, n’est pas dans le centre d’Hillion. Heureusement, il bénéficie d’un abri. J’y reste, observant la rue pentue se transformer en cours d’eau. Tout est bouché côté ciel. Plus question pour moi de rejoindre, à partir d’Hillion, le bord de mer.
Je décide de quitter Hillion avec le bus suivant pour descendre à Langueux car j’ai repéré, près de l’arrêt Langueux Centre, le Café de la Mairie. Ainsi fais-je, dans un bus au toit vitré qui permet de bien voir tomber la pluie.
A l’arrivée je photographie la belle église fleurie de Langueux, puis je trouve place à une table haute au Café de la Mairie. Un café à un euro cinquante, un verre d’eau, mes lunettes et Balzac qui a lui aussi son avis sur la météo du jour : Le ciel est tout pris ce matin, et l’atmosphère est basse, il va pleuvoir toute la journée.
Où manger ? (comme dirait Le Routard). Vers onze heures vingt-cinq, la pluie ayant cessé, je sors voir ça. Le choix sur la place de l’église est entre l’italien et le turc. Un vrai turc avec cuisine maison pour lequel j’opte. Il a pour nom : L’Atelier de la Pâte. Mon choix se porte sur le pidé découverte (avec toutes les viandes : agneau poulet bœuf saucisson à l’ail), feta et mozza (quinze euros) précédé d’une soupe lentilles corail (sept euros). Midi sonne lorsque je termine cette excellente soupe. La suite est aussi à mon goût.
Il y a davantage de ciel bleu que de nuages gris quand je ressors, aussi j’entre dans le Grand Pré, une coulée verte de douze hectares enrichie de panneaux memento mori tirés des bédés de Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat, puis je prends le petit sentier boisé qui longe un étroit ruisseau qui n’a pas de nom. J’y suis seul et il me mène au quartier Bout de Ville et à la mer. C’est la période des grandes marées. Je la vois donc de très loin et distingue de l’autre côté de la baie l’église d’Hillion puis je reviens sur mes pas et retrouve celle de Langueux trois minutes avant le passage du bus de treize heures cinquante-trois pour Saint-Brieuc.
Quand il arrive près du centre commercial Les Champs, on n’avance plus. Plusieurs rues sont barrées. La Police mène une opération Bloquons Tout avec l’aide des Pompiers en raison d’une fuite de gaz. On met un temps fou à parcourir les cent derniers mètres.
Encore une fois, le Bistrot Gourmand accueille mon café lecture. Il n’a pas plu toute la journée. On ne peut pas faire davantage confiance à Balzac qu’à Météo France.
*
C’était ma journée : t’as voulu voir Hillion et tu as vu Langueux, une journée ratée qui n’aurait pas pu mieux réussir.
*
Langueux-les-Grèves, de son nom complet. Les grèves, ainsi appelle-t-on ces plages interminables où la mer est si loin que c’est comme si elle faisait grève.
*
Sur la ligne Vingt, un arrêt Paris et, juste en face d’Aldi, un arrêt Dernier Sou.
Je traverse la rue pour le manger avec l’allongé de La Passerelle. « Ils ont prévu de la pluie, c’est marqué sur Ouest France », dit l’un des présents. Ce n’est pas ce que j’ai vu sur le site de Météo France ce matin. Je maintiens mon but du jour : Hillion.
Je rejoins le boulevard Clemenceau en passant sous les voies ferrées. En bas de celui-ci est le point de départ du bus Vingt qui va à Hillion. On passe par Langueux puis par Yffiniac. Avant d’arriver à Hillion, le bus se charge de collégiennes qu’il dépose logiquement devant le Collège, je suis dès lors le seul passager, et là il se met à tomber une de ces draches.
L’arrêt Hillion Centre, terminus de la ligne Vingt, n’est pas dans le centre d’Hillion. Heureusement, il bénéficie d’un abri. J’y reste, observant la rue pentue se transformer en cours d’eau. Tout est bouché côté ciel. Plus question pour moi de rejoindre, à partir d’Hillion, le bord de mer.
Je décide de quitter Hillion avec le bus suivant pour descendre à Langueux car j’ai repéré, près de l’arrêt Langueux Centre, le Café de la Mairie. Ainsi fais-je, dans un bus au toit vitré qui permet de bien voir tomber la pluie.
A l’arrivée je photographie la belle église fleurie de Langueux, puis je trouve place à une table haute au Café de la Mairie. Un café à un euro cinquante, un verre d’eau, mes lunettes et Balzac qui a lui aussi son avis sur la météo du jour : Le ciel est tout pris ce matin, et l’atmosphère est basse, il va pleuvoir toute la journée.
Où manger ? (comme dirait Le Routard). Vers onze heures vingt-cinq, la pluie ayant cessé, je sors voir ça. Le choix sur la place de l’église est entre l’italien et le turc. Un vrai turc avec cuisine maison pour lequel j’opte. Il a pour nom : L’Atelier de la Pâte. Mon choix se porte sur le pidé découverte (avec toutes les viandes : agneau poulet bœuf saucisson à l’ail), feta et mozza (quinze euros) précédé d’une soupe lentilles corail (sept euros). Midi sonne lorsque je termine cette excellente soupe. La suite est aussi à mon goût.
Il y a davantage de ciel bleu que de nuages gris quand je ressors, aussi j’entre dans le Grand Pré, une coulée verte de douze hectares enrichie de panneaux memento mori tirés des bédés de Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat, puis je prends le petit sentier boisé qui longe un étroit ruisseau qui n’a pas de nom. J’y suis seul et il me mène au quartier Bout de Ville et à la mer. C’est la période des grandes marées. Je la vois donc de très loin et distingue de l’autre côté de la baie l’église d’Hillion puis je reviens sur mes pas et retrouve celle de Langueux trois minutes avant le passage du bus de treize heures cinquante-trois pour Saint-Brieuc.
Quand il arrive près du centre commercial Les Champs, on n’avance plus. Plusieurs rues sont barrées. La Police mène une opération Bloquons Tout avec l’aide des Pompiers en raison d’une fuite de gaz. On met un temps fou à parcourir les cent derniers mètres.
Encore une fois, le Bistrot Gourmand accueille mon café lecture. Il n’a pas plu toute la journée. On ne peut pas faire davantage confiance à Balzac qu’à Météo France.
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C’était ma journée : t’as voulu voir Hillion et tu as vu Langueux, une journée ratée qui n’aurait pas pu mieux réussir.
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Langueux-les-Grèves, de son nom complet. Les grèves, ainsi appelle-t-on ces plages interminables où la mer est si loin que c’est comme si elle faisait grève.
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Sur la ligne Vingt, un arrêt Paris et, juste en face d’Aldi, un arrêt Dernier Sou.
11 septembre 2025
La descente le long du Gouët me mène une nouvelle fois au Port du Légué ce mercredi où je trouve le Pont Tournant ouvert et ne voulant plus se fermer. Avec l’espoir que ça tourne à nouveau, je lis le panneau posé là, consacré à Louis Guilloux, né et mort à Saint-Brieuc (je ne pense pas aller revoir sa maison) qui, est-il écrit, n’a pas obtenu la notoriété qu’il méritait ; en citation, de L’Herbe d’Oubli Au port, j’aurais passé ma vie…
« Il va falloir que vous fassiez le tour », me dit l’homme qui bidouille en vain dans le local attenant. Cela consiste à faire réellement le tour du Port jusqu’à atteindre le Pont de Pierre après être passé sous le Viaduc. Une trotte qui s’ajoute à la marche déjà faite.
Du Pont de Pierre, je reviens jusqu’au Fournil du Légué où, pour me remettre de l’effort, je me procure deux pains au chocolat. Les viennoiseries de cette boulangerie sont excellentes. Malheureusement, elle sera en vacances pour deux semaines à partir du quinze. Le bar Les Mouettes est bien ouvert. Même si le temps est meilleur qu’annoncé, je m’installe en terrasse abritée. Sitôt l’allongé bu, j’ouvre Balzac. Ne craignez rien pour moi. J’ai vu assez d’émeutes, et je ne me soucie pas d’aller dans les rues voir les batailles, je resterai chez moi. Ça s’assombrit à l’horizon. A dix heures, il se met à pleuvoir. Je poursuis donc la lecture. Près de moi s’installe un duo homme femme. Elle : « Pierre a trouvé une nouvelle poule. » Lui : « A chaque fois il se fait plumer. » Elle : « C’est marrant, parce qu’en affaire, il est assez doué. »
A l’accalmie, je me dirige vers le Pont Tournant. Il est réparé. Je le franchis pour aller au Café du Port où je prends un expresso. On y propose un plat du jour à quatorze euros quatre-vingt-dix mais « J’ai plus de place », me dit la tenancière. Tant pis pour elle. Je suis sûr qu’il y en a et qu’elle les garde pour ses habitués de dernière minute.
Je marche à nouveau jusqu’au Pont de Pierre près duquel est le Carré Rosengart, la partie réhabilitée de bâtiments industriels dans lesquels se trouvaient les usines Rosengart, où a été mis au point le moteur hors-bord, et Chaffoteaux & Maury, bien connue pour ses chaudières à gaz murales. On trouve là aujourd’hui des espaces partagés de travail, des salles de conférence et d’exposition, un restaurant, des magasins, etc. Le restaurant est Le Quai Gourmand, vaste établissement qui propose un plat du jour à seulement douze euros quatre-vingt-quinze. J’y réserve une table et, en attendant midi, m’assois sur un banc. Aucun des bateaux de plaisance ne bouge. Personne n’est à bord. C’est un port mort, une voie de garage.
« On ouvre dans dix minutes, monsieur », me disent les serveuses qui fument dehors quand je me pointe à midi moins cinq. Poulet noir breton rôtissoire avec frites, c’est le nom du plat du jour. J’ai une très belle vue sur le port, la chapelle de l’autre côté et une colline boisée derrière les maisons de pierre. Dans l’escalier sont inscrites les grandes dates de l’histoire du bâtiment, jusqu’à l’apothéose : « 2018, repas présidentiel avec E. Macron ».
Je ne regrette pas le Café du Port. Ce poulet noir breton est bon jusqu’au croupion, servi avec des frites mais aussi des petits légumes en ratatouille et une crème de patates douces. Le service est certes impersonnel mais efficace.
Je remonte ensuite jusqu’au Pont de Pierre pour revenir au Fournil du Légué où je me procure le dessert, une grande part de far à quatre euros vingt que l’aimable boulangère me coupe en quatre afin que je puisse le manger aisément chez Les Mouettes accompagné d’un expresso avant de retrouver Balzac puis de rentrer avec le bus de quinze heures.
*
« Sept commerces placés en liquidation judiciaire dans l’agglo de St-Brieuc » (Le Télégramme)
*
Allez hop, Lecornu Premier Ministre comme prévu (Bayrou lui avait piqué sa place).
« Il va falloir que vous fassiez le tour », me dit l’homme qui bidouille en vain dans le local attenant. Cela consiste à faire réellement le tour du Port jusqu’à atteindre le Pont de Pierre après être passé sous le Viaduc. Une trotte qui s’ajoute à la marche déjà faite.
Du Pont de Pierre, je reviens jusqu’au Fournil du Légué où, pour me remettre de l’effort, je me procure deux pains au chocolat. Les viennoiseries de cette boulangerie sont excellentes. Malheureusement, elle sera en vacances pour deux semaines à partir du quinze. Le bar Les Mouettes est bien ouvert. Même si le temps est meilleur qu’annoncé, je m’installe en terrasse abritée. Sitôt l’allongé bu, j’ouvre Balzac. Ne craignez rien pour moi. J’ai vu assez d’émeutes, et je ne me soucie pas d’aller dans les rues voir les batailles, je resterai chez moi. Ça s’assombrit à l’horizon. A dix heures, il se met à pleuvoir. Je poursuis donc la lecture. Près de moi s’installe un duo homme femme. Elle : « Pierre a trouvé une nouvelle poule. » Lui : « A chaque fois il se fait plumer. » Elle : « C’est marrant, parce qu’en affaire, il est assez doué. »
A l’accalmie, je me dirige vers le Pont Tournant. Il est réparé. Je le franchis pour aller au Café du Port où je prends un expresso. On y propose un plat du jour à quatorze euros quatre-vingt-dix mais « J’ai plus de place », me dit la tenancière. Tant pis pour elle. Je suis sûr qu’il y en a et qu’elle les garde pour ses habitués de dernière minute.
Je marche à nouveau jusqu’au Pont de Pierre près duquel est le Carré Rosengart, la partie réhabilitée de bâtiments industriels dans lesquels se trouvaient les usines Rosengart, où a été mis au point le moteur hors-bord, et Chaffoteaux & Maury, bien connue pour ses chaudières à gaz murales. On trouve là aujourd’hui des espaces partagés de travail, des salles de conférence et d’exposition, un restaurant, des magasins, etc. Le restaurant est Le Quai Gourmand, vaste établissement qui propose un plat du jour à seulement douze euros quatre-vingt-quinze. J’y réserve une table et, en attendant midi, m’assois sur un banc. Aucun des bateaux de plaisance ne bouge. Personne n’est à bord. C’est un port mort, une voie de garage.
« On ouvre dans dix minutes, monsieur », me disent les serveuses qui fument dehors quand je me pointe à midi moins cinq. Poulet noir breton rôtissoire avec frites, c’est le nom du plat du jour. J’ai une très belle vue sur le port, la chapelle de l’autre côté et une colline boisée derrière les maisons de pierre. Dans l’escalier sont inscrites les grandes dates de l’histoire du bâtiment, jusqu’à l’apothéose : « 2018, repas présidentiel avec E. Macron ».
Je ne regrette pas le Café du Port. Ce poulet noir breton est bon jusqu’au croupion, servi avec des frites mais aussi des petits légumes en ratatouille et une crème de patates douces. Le service est certes impersonnel mais efficace.
Je remonte ensuite jusqu’au Pont de Pierre pour revenir au Fournil du Légué où je me procure le dessert, une grande part de far à quatre euros vingt que l’aimable boulangère me coupe en quatre afin que je puisse le manger aisément chez Les Mouettes accompagné d’un expresso avant de retrouver Balzac puis de rentrer avec le bus de quinze heures.
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« Sept commerces placés en liquidation judiciaire dans l’agglo de St-Brieuc » (Le Télégramme)
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Allez hop, Lecornu Premier Ministre comme prévu (Bayrou lui avait piqué sa place).
10 septembre 2025
Quintin, ce nom ne me dit rien. A croire que je ne suis jamais passé, lors de mes nombreuses escapades en Bretagne, dans cette Petite Cité de Caractère située au sud de Saint-Brieuc.
C’est là où je veux aller ce mardi matin. Pour ce faire, je prends le car BreizhGo numéro Deux Cent Cinq de huit heures quarante terminus Rostrenen (avec ma carte de bus Tub car je reste dans l‘agglo) à la voie Vingt-Deux de la Gare Routière qui se trouve de l’autre côté de la passerelle, cela après avoir petit-déjeuné au bar tabac La Passerelle. Le ciel est bleu, ça ne va pas durer, selon Météo France. « Il faut descendre à La Vallée », me dit la conductrice. « C’est le marché en plus », ajoute-t-elle comme une promesse de plaisir assuré. On va droit vers les nuages.
L’arrêt La Vallée est en bas du bourg près d’un étang. Je suis les dames à panier qui vont au marché, lequel se trouve dans le centre. Les bâtiments sont en pierre grise pour l’essentiel, austères. Les commerçants ambulants s’efforcent d’animer les rues qui au moins sont débarrassées des voitures. Je constate qu’il est plus facile de vendre des maquereaux que des culottes.
Je fais quelques photos des bâtiments remarquables, dont des cafés fermés pour toujours. D’autres de la Fontaine d’entre les Portes et de la Basilique Notre-Dame de la Délivrance. J’entre ensuite dans le Parc de Roz Maria, ancien jardin du Couvent des Carmes, bien plus agréable que le Parc des Promenades de Saint-Brieuc. Plusieurs bassins à l’eau croupie attendent qu’un enfant s’y noie. Heureusement, ils sont à l’école.
Il ne pleut toujours pas quand je termine cette première visite. Car je reviendrai à Quintin.
Grande Rue, j’entre dans un café sombre tout en profondeur nommé Toujours le P’tit Trou et je commande un p’tit café (comme toujours) à la jeune personne qui toute seule fait face avec brio à une clientèle locale chargée de courses pour la semaine. On se plaint du manque de place au cimetière et du fait que les handicapés aient du mal à y accéder. Un homme est convié à une assemblée générale. « Je peux pas, j’ai un mariage et l’inhumation de mon père. »
Je reprends là la lecture des missives de Balzac. La folie des gens qui ont pris sur eux de nous gouverner dépasse toutes les bornes.
Pour déjeuner, j’entre au Bar Restaurant La Vallée, face à l’arrêt de car du même nom, qui propose un menu ouvrier à quatorze euros avec, divine surprise, un buffet d’entrées, un quart de vin rouge, plusieurs choix de plats (je choisis le rougail saucisses et son écrasé de pommes de terre) et le dessert en libre-service (je choisis le tiramisu au café). Il y a là des ouvriers à camionnettes (des artisans et des jardiniers) ainsi que de vieux couples locaux. La plupart mangent à l’intérieur. J’ai pris place en terrasse abritée mais au soleil quand il apparaît entre deux nuages noirs.
Point d’averse et même une éclaircie. Après ce repas comme je les aime, je me chauffe au soleil sur un banc au bord de l’étang, puis je rentre avec le BreizhGo de treize heures trente-deux (le suivant après dix-sept heures) manquant m’endormir pendant le trajet.
A l’arrivée, je me réveille d’un café au Bistrot Gourmand où je poursuis ma lecture. Possible que je sois déjà passé à Quintin. Ce bourg a du charme, mais il n’est pas de ceux qu’on garde en mémoire.
*
Quintin a eu son philosophe et ses deux poètes et amies :
« Dans cette maison est né Jules Lequyer philosophe 1814-1862 » (il est mort par noyade dans la baie de Saint-Brieuc)
« Dans ces maisons (n° 3 et 5) les deux poètes et amies Mathilde Delaporte 1866-1941 et Marie Allo 1866-1948 vécurent et composèrent leurs œuvres » (les deux amies, au sens que donnait Courbet à ce terme, je suppose)
C’est là où je veux aller ce mardi matin. Pour ce faire, je prends le car BreizhGo numéro Deux Cent Cinq de huit heures quarante terminus Rostrenen (avec ma carte de bus Tub car je reste dans l‘agglo) à la voie Vingt-Deux de la Gare Routière qui se trouve de l’autre côté de la passerelle, cela après avoir petit-déjeuné au bar tabac La Passerelle. Le ciel est bleu, ça ne va pas durer, selon Météo France. « Il faut descendre à La Vallée », me dit la conductrice. « C’est le marché en plus », ajoute-t-elle comme une promesse de plaisir assuré. On va droit vers les nuages.
L’arrêt La Vallée est en bas du bourg près d’un étang. Je suis les dames à panier qui vont au marché, lequel se trouve dans le centre. Les bâtiments sont en pierre grise pour l’essentiel, austères. Les commerçants ambulants s’efforcent d’animer les rues qui au moins sont débarrassées des voitures. Je constate qu’il est plus facile de vendre des maquereaux que des culottes.
Je fais quelques photos des bâtiments remarquables, dont des cafés fermés pour toujours. D’autres de la Fontaine d’entre les Portes et de la Basilique Notre-Dame de la Délivrance. J’entre ensuite dans le Parc de Roz Maria, ancien jardin du Couvent des Carmes, bien plus agréable que le Parc des Promenades de Saint-Brieuc. Plusieurs bassins à l’eau croupie attendent qu’un enfant s’y noie. Heureusement, ils sont à l’école.
Il ne pleut toujours pas quand je termine cette première visite. Car je reviendrai à Quintin.
Grande Rue, j’entre dans un café sombre tout en profondeur nommé Toujours le P’tit Trou et je commande un p’tit café (comme toujours) à la jeune personne qui toute seule fait face avec brio à une clientèle locale chargée de courses pour la semaine. On se plaint du manque de place au cimetière et du fait que les handicapés aient du mal à y accéder. Un homme est convié à une assemblée générale. « Je peux pas, j’ai un mariage et l’inhumation de mon père. »
Je reprends là la lecture des missives de Balzac. La folie des gens qui ont pris sur eux de nous gouverner dépasse toutes les bornes.
Pour déjeuner, j’entre au Bar Restaurant La Vallée, face à l’arrêt de car du même nom, qui propose un menu ouvrier à quatorze euros avec, divine surprise, un buffet d’entrées, un quart de vin rouge, plusieurs choix de plats (je choisis le rougail saucisses et son écrasé de pommes de terre) et le dessert en libre-service (je choisis le tiramisu au café). Il y a là des ouvriers à camionnettes (des artisans et des jardiniers) ainsi que de vieux couples locaux. La plupart mangent à l’intérieur. J’ai pris place en terrasse abritée mais au soleil quand il apparaît entre deux nuages noirs.
Point d’averse et même une éclaircie. Après ce repas comme je les aime, je me chauffe au soleil sur un banc au bord de l’étang, puis je rentre avec le BreizhGo de treize heures trente-deux (le suivant après dix-sept heures) manquant m’endormir pendant le trajet.
A l’arrivée, je me réveille d’un café au Bistrot Gourmand où je poursuis ma lecture. Possible que je sois déjà passé à Quintin. Ce bourg a du charme, mais il n’est pas de ceux qu’on garde en mémoire.
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Quintin a eu son philosophe et ses deux poètes et amies :
« Dans cette maison est né Jules Lequyer philosophe 1814-1862 » (il est mort par noyade dans la baie de Saint-Brieuc)
« Dans ces maisons (n° 3 et 5) les deux poètes et amies Mathilde Delaporte 1866-1941 et Marie Allo 1866-1948 vécurent et composèrent leurs œuvres » (les deux amies, au sens que donnait Courbet à ce terme, je suppose)
9 septembre 2025
Un programme prudent ce lundi, le jour où beaucoup de cafés et de restos sont fermés où que ce soit. Je ne me risque pas ailleurs qu’à Saint-Brieuc. Un achat de pain au chocolat chez Les Gallo’Pains et direction le Bistrot de la Poste où, comme dans les rues, ce n’est pas la foule. Le contraste est grand entre Colmar hors saison et Saint-Brieuc hors saison. Peu de touristes dans cette dernière. Globalement, la ville vivote. De nombreuses cases commerciales restent vides après la faillite des boutiques les ayant occupées. Personne pour remplacer France Loisirs.
Je décide d’aller voir à quoi ressemble le Parc des Promenades. Je le rejoins par la rue Saint-Benoît et découvre un banal jardin public sans fleurs qui inclut le Palais de Justice. En deux mille neuf, la partie nord, dite « esplanade du théâtre de verdure » a été renommée « esplanade Patrick Dewaere » (il est né à Saint-Brieuc). On trouve aussi dans ce jardin (il faut le savoir, son nom n’est inscrit nulle part) un buste d’Auguste de Villiers de l'Isle-Adam (il est né à Saint-Brieuc). Je me pose sur un banc au soleil pour lire Balzac Au moment où je vous écris, la France est ruinée pour longtemps et nous attendons de l’Assemblée nationale. Cette phrase est bizarre, j’ai peut-être oublié de noter la fin. (Quand je l’écrivais sur mon carnet un semi-clochard est venu me soûler, que j’ai envoyé bouler)
Le moment venu de prendre un nouveau café, je suis bien aise de trouver Le Père Moustache ouvert, dont la terrasse est au soleil.
Je me dirige ensuite vers le vieux quartier du faubourg, au-delà de la Cathédrale, où l’on trouve quelques belles maisons à pans de bois, notamment place Anna-Politkovskaia « journaliste russe, militante des droits de l’homme, assassinée 7 octobre 2006 à Moscou ». Je retrouve là Auprès de mon Arbre, café que j’ai fréquenté lors d’un précédent voyage, place Louis-Guilloux, avec sa belle terrasse sous le bel arbre, un noyer du Caucase. Malheureusement, il n’ouvre désormais que le soir. Le ouiquennede prochain on y chantera Brassens. Au programme : La 5G, Les Amis de Brassens, quatre scènes ouvertes et place aux amateurs. Ce sera sans moi. Georges Brassens a aussi par-là un passage à son nom. Les Halles, entre la Cathédrale et le Transat Kafé, le portent aussi.
Pour déjeuner, je retourne au Comptoir du Père Moustache (son nom complet). Au menu du jour : œufs mimosa, suprême de poulet avec pommes sautées et encore la panna cota. Je fais remarquer au serveur que le dessert est toujours le même et qu’en conséquence je n’en prendrai pas, me contentant de l’entrée plat à quinze euros quatre-vingt-dix. Je mange au soleil et dans le vent. « Tout se délite en ce moment. Moi, je suis effrayée », déclare l’une des vieilles derrière moi. Côté nourriture, c’est un peu moins bien que la fois précédente.
Après avoir réglé, je m’installe à une table ensoleillée au Transat Kafé pour le café et la lecture des Lettres à Madame Hanska. Je n’ai pas pu voir Lamartine, il était au lit et dormait, à 11 heures. Un six sept ans sortant du bar avec son père lui demande : « Est-ce que ce sera la fin du monde quand je serai grand ? »
*
C’en est fini de Bayrou, Premier Ministre auto-nommé puis auto-dissous, une parenthèse avec du vide à l’intérieur.
Je décide d’aller voir à quoi ressemble le Parc des Promenades. Je le rejoins par la rue Saint-Benoît et découvre un banal jardin public sans fleurs qui inclut le Palais de Justice. En deux mille neuf, la partie nord, dite « esplanade du théâtre de verdure » a été renommée « esplanade Patrick Dewaere » (il est né à Saint-Brieuc). On trouve aussi dans ce jardin (il faut le savoir, son nom n’est inscrit nulle part) un buste d’Auguste de Villiers de l'Isle-Adam (il est né à Saint-Brieuc). Je me pose sur un banc au soleil pour lire Balzac Au moment où je vous écris, la France est ruinée pour longtemps et nous attendons de l’Assemblée nationale. Cette phrase est bizarre, j’ai peut-être oublié de noter la fin. (Quand je l’écrivais sur mon carnet un semi-clochard est venu me soûler, que j’ai envoyé bouler)
Le moment venu de prendre un nouveau café, je suis bien aise de trouver Le Père Moustache ouvert, dont la terrasse est au soleil.
Je me dirige ensuite vers le vieux quartier du faubourg, au-delà de la Cathédrale, où l’on trouve quelques belles maisons à pans de bois, notamment place Anna-Politkovskaia « journaliste russe, militante des droits de l’homme, assassinée 7 octobre 2006 à Moscou ». Je retrouve là Auprès de mon Arbre, café que j’ai fréquenté lors d’un précédent voyage, place Louis-Guilloux, avec sa belle terrasse sous le bel arbre, un noyer du Caucase. Malheureusement, il n’ouvre désormais que le soir. Le ouiquennede prochain on y chantera Brassens. Au programme : La 5G, Les Amis de Brassens, quatre scènes ouvertes et place aux amateurs. Ce sera sans moi. Georges Brassens a aussi par-là un passage à son nom. Les Halles, entre la Cathédrale et le Transat Kafé, le portent aussi.
Pour déjeuner, je retourne au Comptoir du Père Moustache (son nom complet). Au menu du jour : œufs mimosa, suprême de poulet avec pommes sautées et encore la panna cota. Je fais remarquer au serveur que le dessert est toujours le même et qu’en conséquence je n’en prendrai pas, me contentant de l’entrée plat à quinze euros quatre-vingt-dix. Je mange au soleil et dans le vent. « Tout se délite en ce moment. Moi, je suis effrayée », déclare l’une des vieilles derrière moi. Côté nourriture, c’est un peu moins bien que la fois précédente.
Après avoir réglé, je m’installe à une table ensoleillée au Transat Kafé pour le café et la lecture des Lettres à Madame Hanska. Je n’ai pas pu voir Lamartine, il était au lit et dormait, à 11 heures. Un six sept ans sortant du bar avec son père lui demande : « Est-ce que ce sera la fin du monde quand je serai grand ? »
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C’en est fini de Bayrou, Premier Ministre auto-nommé puis auto-dissous, une parenthèse avec du vide à l’intérieur.
8 septembre 2025
Je crains Saint-Brieuc le dimanche. Aussi, comme le car BreizhGo Deux Cent Un circule ce jour, je prends le premier à neuf heures trente (seulement) pour aller à Binic où je suis sûr de trouver de la vie. Nous passons devant la Pharmacie Balzac puis sur le Viaduc du Gouët avec vue plongeante sur le Port du Légué.
A l’arrivée, le ciel est gris, mais il fait doux. Un petit tour à la boulangerie et me voici assis à la terrasse du Narval avec mon allongé verre d’eau. Sur la place, c’est un jour de concentration de voitures sportives de collection.
Je m’en vais voir la plage qu’heureusement je ne pratique pas car elle est couverte d’algues vertes. Ça ne dérange pas certains qui pataugent allègrement. Il y en a même un qui pêche en creusant dans le sable avec une pelle.
Arrivé au bout de la promenade, je fais demi-tour et au passage prélève dans la boîte à livres Ravel de Jean Echenoz (Editions de Minuit) et Un été avec Colette d’Antoine Compagnon (Equateurs France Inter). Cela en prévision des jours de pluie intense (ces ouvrages peuvent se glisser dans ma poche contrairement au gros Bouquins Laffont Lettres à Madame Hanska qui nécessite mon sac à dos lequel n’est pas étanche).
Le ciel hésite entre se dégager (côté mer) et s’assombrir (côté terre). J’entre chez Jeff Burger « depuis 1982, on vous donne la frite ». J’en commande un avec des frites qui ne sont pas données mais en supplément. Ça fait treize euros cinquante qu’il faut régler illico. Je vais attendre en terrasse, vue sur le port avec au premier plan la passerelle. C’est vite prêt car je suis le premier. A partir de midi, non, Jeff n’est pas tout seul, une serveuse blondinette l’assiste. Le vent se lève et j’en fais autant après avoir terminé ce burgueur qui n’est assurément pas le meilleur que j’aie mangé.
A l’autre boulangerie, près de l’église, je m’offre une tartelette aux pommes à deux euros cinquante que je mange le vent dans le dos sur un banc de l’autre côté de la passerelle. Des choucas me tiennent compagnie. On ne voit pas ça en Normandie, ni à Paris. Sans cesse, les voitures de collection font le tour du pays et retournent se garer à leur point de départ. C’est l’opération m’as-tu-vu dans ma belle bagnole.
Vers treize heures, des gouttes se mettent à tomber. Je prends la direction du Narval et m’installe à la petite table ronde au coin à l’intérieur, un café verre d’eau et Balzac Me voici en présence de plus de difficultés que je n’en puis résoudre ; et sans votre image adorée, je serais devenu quasi fou. (Cinq négociants de Rouen sont devenus fous, hier, et n’avaient pas tant de raisons que moi de le devenir)
Comme de temps en temps ça tombe, je reste à lire puis commande un second café avant de rentrer. Pour ce faire, j’attends le car de quinze heures quarante-huit (rien avant) à côté du rassemblement des voitures de sport que viennent voir des familles de pauvres. L’une démarre avec les reines du pays assises sur le coffre arrière. Elles me font coucou de la main.
*
Au Narval, le Cantona fait de la publicité sur une affichette signée Gouvernement pour Parions Sport, ce moyen sournois de faire payer plus d’impôts à certains qui n’ont pourtant pas beaucoup d’argent. Il y a quelques années, il prônait la révolte en demandant à tous de retirer l’argent des comptes bancaires. Il voulait tout bloquer. Il débloque.
*
Une femme, trouvant l’Office du Tourisme fermé, demande à des autochtones s’il y a des ruines à visiter. Des ruines ? Ils l’envoient marcher sur le Géherre. Ce qu’ils se gardent bien de faire eux-mêmes préférant partager une bouteille de chardo (comme on dit dans les bars).
*
Un homme avec dans le dos de son ticheurte « Ensemble contre le cancer des enfants ». C’est vrai que parfois ils sont pénibles mais de là à les qualifier de cancer.
A l’arrivée, le ciel est gris, mais il fait doux. Un petit tour à la boulangerie et me voici assis à la terrasse du Narval avec mon allongé verre d’eau. Sur la place, c’est un jour de concentration de voitures sportives de collection.
Je m’en vais voir la plage qu’heureusement je ne pratique pas car elle est couverte d’algues vertes. Ça ne dérange pas certains qui pataugent allègrement. Il y en a même un qui pêche en creusant dans le sable avec une pelle.
Arrivé au bout de la promenade, je fais demi-tour et au passage prélève dans la boîte à livres Ravel de Jean Echenoz (Editions de Minuit) et Un été avec Colette d’Antoine Compagnon (Equateurs France Inter). Cela en prévision des jours de pluie intense (ces ouvrages peuvent se glisser dans ma poche contrairement au gros Bouquins Laffont Lettres à Madame Hanska qui nécessite mon sac à dos lequel n’est pas étanche).
Le ciel hésite entre se dégager (côté mer) et s’assombrir (côté terre). J’entre chez Jeff Burger « depuis 1982, on vous donne la frite ». J’en commande un avec des frites qui ne sont pas données mais en supplément. Ça fait treize euros cinquante qu’il faut régler illico. Je vais attendre en terrasse, vue sur le port avec au premier plan la passerelle. C’est vite prêt car je suis le premier. A partir de midi, non, Jeff n’est pas tout seul, une serveuse blondinette l’assiste. Le vent se lève et j’en fais autant après avoir terminé ce burgueur qui n’est assurément pas le meilleur que j’aie mangé.
A l’autre boulangerie, près de l’église, je m’offre une tartelette aux pommes à deux euros cinquante que je mange le vent dans le dos sur un banc de l’autre côté de la passerelle. Des choucas me tiennent compagnie. On ne voit pas ça en Normandie, ni à Paris. Sans cesse, les voitures de collection font le tour du pays et retournent se garer à leur point de départ. C’est l’opération m’as-tu-vu dans ma belle bagnole.
Vers treize heures, des gouttes se mettent à tomber. Je prends la direction du Narval et m’installe à la petite table ronde au coin à l’intérieur, un café verre d’eau et Balzac Me voici en présence de plus de difficultés que je n’en puis résoudre ; et sans votre image adorée, je serais devenu quasi fou. (Cinq négociants de Rouen sont devenus fous, hier, et n’avaient pas tant de raisons que moi de le devenir)
Comme de temps en temps ça tombe, je reste à lire puis commande un second café avant de rentrer. Pour ce faire, j’attends le car de quinze heures quarante-huit (rien avant) à côté du rassemblement des voitures de sport que viennent voir des familles de pauvres. L’une démarre avec les reines du pays assises sur le coffre arrière. Elles me font coucou de la main.
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Au Narval, le Cantona fait de la publicité sur une affichette signée Gouvernement pour Parions Sport, ce moyen sournois de faire payer plus d’impôts à certains qui n’ont pourtant pas beaucoup d’argent. Il y a quelques années, il prônait la révolte en demandant à tous de retirer l’argent des comptes bancaires. Il voulait tout bloquer. Il débloque.
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Une femme, trouvant l’Office du Tourisme fermé, demande à des autochtones s’il y a des ruines à visiter. Des ruines ? Ils l’envoient marcher sur le Géherre. Ce qu’ils se gardent bien de faire eux-mêmes préférant partager une bouteille de chardo (comme on dit dans les bars).
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Un homme avec dans le dos de son ticheurte « Ensemble contre le cancer des enfants ». C’est vrai que parfois ils sont pénibles mais de là à les qualifier de cancer.
7 septembre 2025
Ce samedi matin je passe devant la Gare et continue tout droit jusqu’à hauteur du Parc des Promenades. A droite, un sentier descend vers le Goëdic, petit cours d’eau que si l’on suit, on arrive au Port du Légué.
C’est une agréable promenade dans la nature. Le Goëdic a des airs de ruisseau de montagne. Je passe sous le viaduc ferroviaire puis sous le viaduc routier et arrive au bout d’une heure à la station d’épuration. Ici le Goëdic se jette dans le Gouët dont l’embouchure abrite le Port du Légué que se partagent Saint-Brieuc et Plérin-sur-Mer.
Je traverse ce Gouët par le Pont Tournant et prends à gauche, quai Gabriel-Péri. Se trouvent là Le Fournil du Légué où le pain au chocolat est à un euro vingt et le Bar Les Mouettes où l’allongé est à un euro soixante. Presque en face est la tirette du Crédit à Bricoles. Le monde est bien fait.
Je petit-déjeune en terrasse au soleil face à la partie plaisance du Port, avec vue sur le viaduc routier en béton à dispositif anti-suicide. La clientèle est locale et populaire, tout comme la serveuse.
Je quitte ce sympathique endroit pour, un peu en aval, aller zoner dans le Port de Pêche. Beaucoup de bateaux colorés autour du bassin, mais rien qui bouge. Des filets sèchent sur le sol. Au bout est un hangar un peu craignos dont le mur du fond sert de lieu d’expression aux artistes de rue. Un typique Café du Port complète le tableau, malheureusement fermé le samedi.
Je retourne aux Mouettes pour un expresso. « Défense de nourrir les pigeons », est-il écrit sur une ardoise. Est-ce pour cela qu’un de ces oiseaux lâche une fiente sur le journal que lit mon voisin ? Cela me conduit à migrer vers une table abritée par l’auvent pour ouvrir Balzac. Notre loueur de voiture devait arriver à 6 heures. A 5 heures, il m’a envoyé dire qu’on prenait les voitures pour faire des barricades, que je ne serais en sûreté qu’à pied.
A midi, je déjeune en terrasse ensoleillée et abritée du vent à la pizzeria Britalia un peu cachée, d’une savoyarde à quatorze euros trente. J’achète le dessert au Fournil du Légué, un kouign-amann à trois euros cinquante que je fais réchauffer avant d’aller le manger chez Les Mouettes avec un expresso à un euro cinquante.
A treize heures trente, le jeune serveur à la peau noire qui m’appelle jeune homme m’annonce que le bar va fermer jusqu’à quinze heures mais que je peux rester là tranquillement avec mon livre. Balzac est en pleine Révolution, celle de Quarante-Huit. Ne voulant pas devenir citoyen, il désespère et rêve d’exil auprès de son Ukrainienne. Il ne part pas bien sûr et constate que cette période troublée est propice aux affaires.
Avant que ça rouvre chez Les Mouettes et n’ayant pas le courage de remonter à pied, je prends un bus D à l’arrêt Résistance et il me ramène à la Gare.
*
Le Légué est le cinquième port breton en terme d'activité. Pas vu un bateau en mouvement. Ni même quelqu’un à bord. Côté pêche comme côté plaisance.
C’est une agréable promenade dans la nature. Le Goëdic a des airs de ruisseau de montagne. Je passe sous le viaduc ferroviaire puis sous le viaduc routier et arrive au bout d’une heure à la station d’épuration. Ici le Goëdic se jette dans le Gouët dont l’embouchure abrite le Port du Légué que se partagent Saint-Brieuc et Plérin-sur-Mer.
Je traverse ce Gouët par le Pont Tournant et prends à gauche, quai Gabriel-Péri. Se trouvent là Le Fournil du Légué où le pain au chocolat est à un euro vingt et le Bar Les Mouettes où l’allongé est à un euro soixante. Presque en face est la tirette du Crédit à Bricoles. Le monde est bien fait.
Je petit-déjeune en terrasse au soleil face à la partie plaisance du Port, avec vue sur le viaduc routier en béton à dispositif anti-suicide. La clientèle est locale et populaire, tout comme la serveuse.
Je quitte ce sympathique endroit pour, un peu en aval, aller zoner dans le Port de Pêche. Beaucoup de bateaux colorés autour du bassin, mais rien qui bouge. Des filets sèchent sur le sol. Au bout est un hangar un peu craignos dont le mur du fond sert de lieu d’expression aux artistes de rue. Un typique Café du Port complète le tableau, malheureusement fermé le samedi.
Je retourne aux Mouettes pour un expresso. « Défense de nourrir les pigeons », est-il écrit sur une ardoise. Est-ce pour cela qu’un de ces oiseaux lâche une fiente sur le journal que lit mon voisin ? Cela me conduit à migrer vers une table abritée par l’auvent pour ouvrir Balzac. Notre loueur de voiture devait arriver à 6 heures. A 5 heures, il m’a envoyé dire qu’on prenait les voitures pour faire des barricades, que je ne serais en sûreté qu’à pied.
A midi, je déjeune en terrasse ensoleillée et abritée du vent à la pizzeria Britalia un peu cachée, d’une savoyarde à quatorze euros trente. J’achète le dessert au Fournil du Légué, un kouign-amann à trois euros cinquante que je fais réchauffer avant d’aller le manger chez Les Mouettes avec un expresso à un euro cinquante.
A treize heures trente, le jeune serveur à la peau noire qui m’appelle jeune homme m’annonce que le bar va fermer jusqu’à quinze heures mais que je peux rester là tranquillement avec mon livre. Balzac est en pleine Révolution, celle de Quarante-Huit. Ne voulant pas devenir citoyen, il désespère et rêve d’exil auprès de son Ukrainienne. Il ne part pas bien sûr et constate que cette période troublée est propice aux affaires.
Avant que ça rouvre chez Les Mouettes et n’ayant pas le courage de remonter à pied, je prends un bus D à l’arrêt Résistance et il me ramène à la Gare.
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Le Légué est le cinquième port breton en terme d'activité. Pas vu un bateau en mouvement. Ni même quelqu’un à bord. Côté pêche comme côté plaisance.
6 septembre 2025
Pas de boulangerie près de la Gare de Saint-Brieuc, je dois descendre au-delà du Collège Lycée La Providence Saint-Charles ce vendredi matin pour en trouver une, appelée Saada, où le pain au chocolat est à un euro vingt, puis je remonte à la Gare, croisant une jeunesse en marche vers les apprentissages.
Une élégante et imposante passerelle enjambe les voies ferrées et aboutit au bar tabac La Passerelle. C’est là que je petit-déjeune. L’allongé est à un euro cinquante. « On est les premiers ouverts le matin à Saint-Brieuc », me dit l’aimable patron. Il m’apprend que la commerçante d’à côté vend des viennoiseries.
Je repasse les voies ferrées puis prends le bus Tub qui mène à Plérin par le Port du Légué, terminus La Ville Hervy. J’en descends après le Port à l’arrêt Place Bellevue, d’où l’on a belle vue sur la mer. Je trouve là le Géherre Trente-Quatre qui doit me permettre de faire le tour de la Pointe du Roselier que je ne connais pas.
C’est d’abord un chemin goudronné puis il devient plus intéressant, étroit sentier de terre entre verdure et mer. A un moment, je dois passer sous une barrière. Je découvre alors que je viens de parcourir une portion interdite où la falaise est instable. Je longe la plage de Saint-Laurent. « Plage antifasciste » est-il écrit sur le mur, et plus loin « Ni dieu, ni maître, ni patron, ni mari ». Au bout de cette plage, je découvre le Café Librairie d’Occasion Au Bord du Monde qui malheureusement n’ouvre que certains jours à quinze heures. Je domine Port-Aurélie où l’on amarre à flot et arrive enfin au bout de la Pointe qui offre un beau point de vue sur la Baie de Saint-Brieuc. S’y trouvent un monument aux péris en mer érigé à la fin du vingtième siècle et un four à boulets (de canon) de mil sept cent quatre-vingt-quatorze. On y chauffait les boulets et on les envoyait sur les navires ennemis qu’ils enflammaient. De là, l’expression : tirer à boulets rouges, me rappelle Le Routard. Je m’assois sur un banc, à bâbord au loin Binic et Saint-Quay-Portrieux et tout près l’îlot du Rocher-Martin et sa croix blanche. Il s’agit ensuite de redescendre par l’autre côté de la Pointe. En étant prudent car on peut glisser. C’est là que je croise les premiers humains, des promeneurs de chien.
A dix heures trente, j’arrive à Martin-Plage, face au Rocher-Martin. Il y a là une gargote, La Cabane du Pêcheur. C’est ouvert. Je m’installe à une table face à la mer, commande un café à un euro cinquante et la réserve pour le déjeuner. Le café bu, j’ouvre Balzac. Cet imbécile brûle les lettres de Madame Hanska par peur de mourir en voyage et qu’elles soient lues par un notaire qui inventorie sa vie. La vue est magnifique. Quelques hardis baigneurs. Quelques pêcheurs à petits bateaux qu’ils remontent avec un vieux tracteur. Deux randonneuses en solo. Des bicyclistes. Peu à peu, ça se couvre. Un petit vent se lève. « Y’a rien de trop », comme dirait Madame Michu.
Le choix est court sur la carte de La Cabane du Pêcheur. J’opte pour les six huîtres à sept euros cinquante, évidemment pas bien grosses à ce prix, et les moules marinières à quatorze euros, on ne peut pas dire qu’elles soient petites, elles sont minuscules. Il y a pourtant des habitués ici, mais on vient là pour le cadre avant tout.
Je dois remonter une longue route pentue pour arriver au terminus de la ligne D : La Ville Hervy. Il est treize heures vingt-neuf et, miracle, un bus doit arriver à treize heures trente et une pour repartir aussitôt pour La Ville Oger. Je l’attends sur le petit banc et il est pile à l’heure.
J’en descends à la Gare et, le soleil étant revenu, m’assois en terrasse au Bistrot Gourmand pour le café (un euro cinquante) et Balzac. J’en suis à la lettre Quatre Cent du onze février mil huit cent quarante-huit. Il rentre d’Ukraine où il est allé voir Madame Hanska. Le mariage n’est toujours pas fait. Il doit d’abord rembourser ses dettes, des dettes qu’il aggrave sans cesse, notamment par son goût du bric-à-brac, au grand mécontentement d’icelle. Quant à l’avenir, je connais mes forces je suis sûr de vous donner une aisance à moi seul.
*
Pas de mal aux pieds lors de ma randonnée autour de la Pointe du Roselier. J’ai résolu le problème en ôtant mes semelles orthopédiques. C’est leur épaisseur qui pressait mes extrémités dans les chaussures et qui était source de douleurs et de blessures.
*
Un article de France Trois Bretagne me l’a appris. Il y a eu plusieurs accidents sérieux cet été sur le Géherre Trente-Quatre. Bilan : deux morts et des blessés graves. Parmi les victimes : des imprudents qui ont emprunté une portion fermée.
Une élégante et imposante passerelle enjambe les voies ferrées et aboutit au bar tabac La Passerelle. C’est là que je petit-déjeune. L’allongé est à un euro cinquante. « On est les premiers ouverts le matin à Saint-Brieuc », me dit l’aimable patron. Il m’apprend que la commerçante d’à côté vend des viennoiseries.
Je repasse les voies ferrées puis prends le bus Tub qui mène à Plérin par le Port du Légué, terminus La Ville Hervy. J’en descends après le Port à l’arrêt Place Bellevue, d’où l’on a belle vue sur la mer. Je trouve là le Géherre Trente-Quatre qui doit me permettre de faire le tour de la Pointe du Roselier que je ne connais pas.
C’est d’abord un chemin goudronné puis il devient plus intéressant, étroit sentier de terre entre verdure et mer. A un moment, je dois passer sous une barrière. Je découvre alors que je viens de parcourir une portion interdite où la falaise est instable. Je longe la plage de Saint-Laurent. « Plage antifasciste » est-il écrit sur le mur, et plus loin « Ni dieu, ni maître, ni patron, ni mari ». Au bout de cette plage, je découvre le Café Librairie d’Occasion Au Bord du Monde qui malheureusement n’ouvre que certains jours à quinze heures. Je domine Port-Aurélie où l’on amarre à flot et arrive enfin au bout de la Pointe qui offre un beau point de vue sur la Baie de Saint-Brieuc. S’y trouvent un monument aux péris en mer érigé à la fin du vingtième siècle et un four à boulets (de canon) de mil sept cent quatre-vingt-quatorze. On y chauffait les boulets et on les envoyait sur les navires ennemis qu’ils enflammaient. De là, l’expression : tirer à boulets rouges, me rappelle Le Routard. Je m’assois sur un banc, à bâbord au loin Binic et Saint-Quay-Portrieux et tout près l’îlot du Rocher-Martin et sa croix blanche. Il s’agit ensuite de redescendre par l’autre côté de la Pointe. En étant prudent car on peut glisser. C’est là que je croise les premiers humains, des promeneurs de chien.
A dix heures trente, j’arrive à Martin-Plage, face au Rocher-Martin. Il y a là une gargote, La Cabane du Pêcheur. C’est ouvert. Je m’installe à une table face à la mer, commande un café à un euro cinquante et la réserve pour le déjeuner. Le café bu, j’ouvre Balzac. Cet imbécile brûle les lettres de Madame Hanska par peur de mourir en voyage et qu’elles soient lues par un notaire qui inventorie sa vie. La vue est magnifique. Quelques hardis baigneurs. Quelques pêcheurs à petits bateaux qu’ils remontent avec un vieux tracteur. Deux randonneuses en solo. Des bicyclistes. Peu à peu, ça se couvre. Un petit vent se lève. « Y’a rien de trop », comme dirait Madame Michu.
Le choix est court sur la carte de La Cabane du Pêcheur. J’opte pour les six huîtres à sept euros cinquante, évidemment pas bien grosses à ce prix, et les moules marinières à quatorze euros, on ne peut pas dire qu’elles soient petites, elles sont minuscules. Il y a pourtant des habitués ici, mais on vient là pour le cadre avant tout.
Je dois remonter une longue route pentue pour arriver au terminus de la ligne D : La Ville Hervy. Il est treize heures vingt-neuf et, miracle, un bus doit arriver à treize heures trente et une pour repartir aussitôt pour La Ville Oger. Je l’attends sur le petit banc et il est pile à l’heure.
J’en descends à la Gare et, le soleil étant revenu, m’assois en terrasse au Bistrot Gourmand pour le café (un euro cinquante) et Balzac. J’en suis à la lettre Quatre Cent du onze février mil huit cent quarante-huit. Il rentre d’Ukraine où il est allé voir Madame Hanska. Le mariage n’est toujours pas fait. Il doit d’abord rembourser ses dettes, des dettes qu’il aggrave sans cesse, notamment par son goût du bric-à-brac, au grand mécontentement d’icelle. Quant à l’avenir, je connais mes forces je suis sûr de vous donner une aisance à moi seul.
*
Pas de mal aux pieds lors de ma randonnée autour de la Pointe du Roselier. J’ai résolu le problème en ôtant mes semelles orthopédiques. C’est leur épaisseur qui pressait mes extrémités dans les chaussures et qui était source de douleurs et de blessures.
*
Un article de France Trois Bretagne me l’a appris. Il y a eu plusieurs accidents sérieux cet été sur le Géherre Trente-Quatre. Bilan : deux morts et des blessés graves. Parmi les victimes : des imprudents qui ont emprunté une portion fermée.
5 septembre 2025
Avec le car BreizhGo Deux Cent Un de huit heures trente-cinq, en utilisant ma carte de bus Tub car je reste dans l’agglo, je rejoins ce jeudi matin le charmant bourg de Binic.
Le temps d’acheter un pain au chocolat à un euro vingt-cinq à la boulangerie ouverte sept sur sept de l’autre côté du port puis d’entrer au Narval et ça se met à tomber. « C’était pas prévu », commente la clientèle, dont une partie est là pour le marché à côté. Je n’avais jamais vu Binic par mauvais temps, c’est fait. L’allongé est à un euro soixante. Quand je le termine, l’averse cesse, le bar se vide quasiment. Il s’agit de faire ses courses avant la prochaine. Ceux qui restent disent du mal de nos gouvernants. Où que ce soit depuis mon arrivée, j’entends critiquer Bayrou et Macron, lesquels n’ont pas idée de leur degré d’impopularité.
Sous un soleil incertain, je longe le bassin, passe la passerelle, arrive à la digue, emprunte le passage sous la falaise « Attention à vos têtes » et me voici à la plage aux cabanons colorés.
Au retour, la terrasse du Chaland Qui Passe étant complète, c’est à celle de La Bodega, au soleil et sous l’auvent, que je reprends Balzac : Selon moi, l’incendie gagne. D’ici peu de temps, souvenez-vous de ce que je dis, l’Italie aura commencé l’insurrection ; mais ce sera terrible, car vous ne vous figurez pas le chemin que fait le communisme, doctrine qui consiste à tout bouleverser, à partager tout, même les denrées de marchandises entre tous les hommes considérés comme frères. Vous savez quelles sont mes idées sur la répression ; je ne trouve que la mort à infliger à de pareils apôtres qui préparent une conflagration générale. Un peu plus loin dans la même lettre : Si vous saviez à quels hommes l’élection est descendue en France, et par qui nous sommes non pas gouvernés mais administrés ! C’est à dégoûter d’un pays. Enfin l’Europe est folle de Bourgeoisie. On ne peut pas se mettre en travers de son siècle. Ce Balzac ne supporte pas plus l’ordre établi que la révolution. En quoi je lui ressemble.
Deux averses et deux éclaircies plus tard arrivent fille, mère et grand-mère discutant d’accouchement. Je lève le camp. Il est midi et j’ai réservé à La Sentinelle où le menu du jour est à dix-huit euros, deux euros de plus qu’à mon dernier passage, ce qui est raisonnable : cassolette du pêcheur, tête de veau sauce gribiche et flan pâtissier aux pommes. Tout cela est très bon et le personnel jeune et sympathique.
En sortant j’ouvre la boîte à livres du bout de la passerelle et y trouve le Dix/Dix-Huit Révo. Cul. dans la Chine pop. que j’ai eu et sûrement pas lu autrefois ainsi que deux bizarreries locales : Panique chez les cartophiles de l’Atelier Artisanal de la Malhoure Plouhatine, couverture illustrée par Hervé Boivin et Noiraudes en fureur édité par la Médiathèque de l’Ic à Pordic, couverture illustrée par le même Hervé Boivin.
Le café, je le prends au Narval en terrasse face au port sous l’auvent par prudence. Un peu de Balzac et je rentre avec le BreizhGo de quatorze heures sept. Il essuie une averse. Devant moi, au premier rang, un vieux mal lavé à casquette sale vante le blocage du dix septembre au chauffeur qui est d’accord avec lui. Tous deux appartiennent à la tendance facho du mouvement : « Le pognon qu’il envoie en Ukraine, c’est ça qui nous fait mal. Il est le chef des Armées, il a même pas fait son service militaire. Tout ça à cause des cons qui ont voté pour lui deux fois ».
*
« Alors nous, on mange pas ? » (une agressive à qui la serveuse de La Sentinelle vient d’annoncer que c’est complet).
L’énervement est partout.
Le temps d’acheter un pain au chocolat à un euro vingt-cinq à la boulangerie ouverte sept sur sept de l’autre côté du port puis d’entrer au Narval et ça se met à tomber. « C’était pas prévu », commente la clientèle, dont une partie est là pour le marché à côté. Je n’avais jamais vu Binic par mauvais temps, c’est fait. L’allongé est à un euro soixante. Quand je le termine, l’averse cesse, le bar se vide quasiment. Il s’agit de faire ses courses avant la prochaine. Ceux qui restent disent du mal de nos gouvernants. Où que ce soit depuis mon arrivée, j’entends critiquer Bayrou et Macron, lesquels n’ont pas idée de leur degré d’impopularité.
Sous un soleil incertain, je longe le bassin, passe la passerelle, arrive à la digue, emprunte le passage sous la falaise « Attention à vos têtes » et me voici à la plage aux cabanons colorés.
Au retour, la terrasse du Chaland Qui Passe étant complète, c’est à celle de La Bodega, au soleil et sous l’auvent, que je reprends Balzac : Selon moi, l’incendie gagne. D’ici peu de temps, souvenez-vous de ce que je dis, l’Italie aura commencé l’insurrection ; mais ce sera terrible, car vous ne vous figurez pas le chemin que fait le communisme, doctrine qui consiste à tout bouleverser, à partager tout, même les denrées de marchandises entre tous les hommes considérés comme frères. Vous savez quelles sont mes idées sur la répression ; je ne trouve que la mort à infliger à de pareils apôtres qui préparent une conflagration générale. Un peu plus loin dans la même lettre : Si vous saviez à quels hommes l’élection est descendue en France, et par qui nous sommes non pas gouvernés mais administrés ! C’est à dégoûter d’un pays. Enfin l’Europe est folle de Bourgeoisie. On ne peut pas se mettre en travers de son siècle. Ce Balzac ne supporte pas plus l’ordre établi que la révolution. En quoi je lui ressemble.
Deux averses et deux éclaircies plus tard arrivent fille, mère et grand-mère discutant d’accouchement. Je lève le camp. Il est midi et j’ai réservé à La Sentinelle où le menu du jour est à dix-huit euros, deux euros de plus qu’à mon dernier passage, ce qui est raisonnable : cassolette du pêcheur, tête de veau sauce gribiche et flan pâtissier aux pommes. Tout cela est très bon et le personnel jeune et sympathique.
En sortant j’ouvre la boîte à livres du bout de la passerelle et y trouve le Dix/Dix-Huit Révo. Cul. dans la Chine pop. que j’ai eu et sûrement pas lu autrefois ainsi que deux bizarreries locales : Panique chez les cartophiles de l’Atelier Artisanal de la Malhoure Plouhatine, couverture illustrée par Hervé Boivin et Noiraudes en fureur édité par la Médiathèque de l’Ic à Pordic, couverture illustrée par le même Hervé Boivin.
Le café, je le prends au Narval en terrasse face au port sous l’auvent par prudence. Un peu de Balzac et je rentre avec le BreizhGo de quatorze heures sept. Il essuie une averse. Devant moi, au premier rang, un vieux mal lavé à casquette sale vante le blocage du dix septembre au chauffeur qui est d’accord avec lui. Tous deux appartiennent à la tendance facho du mouvement : « Le pognon qu’il envoie en Ukraine, c’est ça qui nous fait mal. Il est le chef des Armées, il a même pas fait son service militaire. Tout ça à cause des cons qui ont voté pour lui deux fois ».
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« Alors nous, on mange pas ? » (une agressive à qui la serveuse de La Sentinelle vient d’annoncer que c’est complet).
L’énervement est partout.
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